- buverie
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⇒BEUVERIE, BUVERIE, subst. fém.Fait de boire avec excès. Ses exploits de robuste jeunesse, d'amour et de buverie (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 28) :• 1. Chansons, mangeaille, beuverie, la noce d'Adrienne est une bien jolie noce.COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 108.— Réunion, partie de plaisir où l'on boit avec excès :• 2. Ils m'apprirent aussi qu'il s'agissait du prince Luigi Voudzoï, un prince poldève qui terminait ses études en France. Un échotier méchant prétendait qu'elles consistaient surtout en beuveries et bacchanales.QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 68.Rem. Les dict. du XIXe s. attestent plutôt la forme buverie. La forme beuverie est cependant attestée à cette époque et c'est elle qui s'impose de nos jours.ÉTYMOL. ET HIST. — 1174-78 beverie (E. DE FOUGÈRES, Manières, 193a dans T.-L.); 1er tiers XIIIe s. buveries (Rom. des trois ennemis, Ars. 5201, p. 268b dans GDF.); XVe s. beuveries (JUV. DES URSINS, Hist. de Charles VI, 1382, ibid.); 1606 (NICOT : Beverie. Il sonne tousjours en mal et signifie la desmesure de boire, tout ainsi que boissonnerie) — 1611, COTGR.; mot repris au XIXe s. (Ac. Compl. 1842 beuverie; LITTRÉ beuverie « action de boire », buverie « réunion, partie où l'on boit »).Dér. des rad. bev-, beuv-, buv- de boire; suff. -erie; la forme attendue en syllabe initiale inaccentuée serait plutôt buv- (cf. buvant, buvable); beuverie a vraisemblablement été favorisé par l'emploi qu'en fait Rabelais.STAT. — Fréq. abs. littér. :25.ÉTYM. V. 1174, beverie; buverie, déb. XIIIe; beuverie (attesté XVe), fréquent chez Rabelais, disparu au XVIIe, a été repris au XIXe; de bevre (→ Boire).❖1 Qui fut premier, soif ou beuverie ?… Beuverie, car privatio præsuponit habitum.Rabelais, Gargantua, 5.2 Mod. Partie de plaisir où l'on boit beaucoup. ⇒ Orgie, soûlerie; débauche (partie de débauche, vx). || Le repas dégénéra en beuverie. || Beuverie d'alcool (cit. 2).2 Dumézil a insisté sur le rôle important que joue chez les Germains le banquet rituel, la beuverie et l'enivrement collectif (…) La vertu de ces beuveries est à la fois de créer un lien mystique entre les participants et de transformer la condition morose de l'homme (…)Gilbert Durand, les Structures anthropologiques de l'imaginaire, 1969, p. 298-299.REM. La forme beuverie s'est répandue aux dépens de buverie, forme plus fréquente jusqu'à la fin du XIXe s.3 Après trois ou quatre heures de buveries et de mangeries blasphématoires, la salle à manger hurlante du vieux M. de Mesnilgrand avait de bien autres vibrations et une bien autre physionomie que ce piètre cabinet de restaurant, où quelques mandarins chinois de la littérature ont fait dernièrement leur petite orgie (…)Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées ».
Encyclopédie Universelle. 2012.